Déclaration liminaire CSA DGAC R - 11 décembre 2025

Monsieur le Directeur général,

Mesdames et Messieurs,


Comme vient de le dire le Directeur général, la CFDT souhaite redire son immense émotion après l’accident tragique qui a touché l’ENAC et toute la communauté aéronautique.

Nous remercions la DGAC et l’ENAC pour l’accompagnement humain dont elles font preuve.


Nous souhaitons maintenant aborder plusieurs sujets importants, à commencer par la formation en anglais, dont la situation récente met en lumière une fragilité structurelle que nous signalons depuis longtemps.


La liquidation judiciaire de FocalPoint n’est pas un simple incident. Elle démontre l’échec du choix stratégique fait en 2022 de réduire le réseau interne de professeurs d’anglais pour recourir massivement à l’externalisation contre l’avis unanime de l’ensemble des organisations syndicales. Fort heureusement la mobilisation intersyndicale de 2022 avait réduit les ambitions initiales de la DSNA.

La CFDT, comme l’ensemble des organisations syndicales, avait plaidé pour maintenir un réseau interne solide — fonctionnaires, CDI, CDD longs transformés en CDI, et un maillage cohérent dans les organismes — seul capable d’assurer la continuité pédagogique, la qualité et la sécurité linguistique.

Aujourd’hui, un seul prestataire défaillant suffit à faire s’effondrer tout un pan du dispositif et à menacer la délivrance des mentions linguistiques dans plusieurs centres. C’est bien la preuve que cette stratégie n’était pas robuste.

Il y a donc urgence à réorienter la politique RH et formation

La CFDT demande :

  • le respect strict de la note DSNA 2022, notamment sur les périmètres d’emploi et la durée des contrats ;
  • l’arrêt de la précarisation : CDI pour les coordinateurs locaux, et régularisation des situations incohérentes ;
  • l’ouverture dès janvier de recrutements à Aix, Toulouse, Athis-Mons et Reims ;
  • et une clarification rapide par l’ENAC des moyens qu’elle mettra en place pour assurer la continuité pédagogique après l’arrêt des prestations.

Nous avons aujourd’hui besoin d’une politique de formation en anglais fiable, cohérente, et pérenne, fondée avant tout sur les compétences internes, et complétée si nécessaire par de l’externalisation maîtrisée — pas l’inverse.

 


Nous souhaitons également aborder la question des effectifs, qui devient à présent un enjeu structurel majeur.

La CFDT a signé le protocole social pour deux raisons :

  • l’amélioration (même modeste) des rémunérations des plus bas salaires,
  • et la montée en puissance des recrutements.

Or les engagements ne sont pas tenus.

Pour 2025, la DGAC n’a pu obtenir qu’un schéma d’emploi à +122 au lieu de +132 prévus au protocole. Pour 2026, ce sont encore 10 de moins que la trajectoire protocolaire.

Au total : 20 agents en moins, alors que la DGAC aurait dû au contraire dépasser les engagements pour absorber la crise à venir et éviter une catastrophe économique.

 

Le sénateur Vincent Capo-Canellas, rapporteur spécial, l’écrit sans ambiguité :

« Alors que l’augmentation du trafic de survol est plus forte et plus rapide qu’anticipé, que le nombre de vols à contrôler ne cesse de s'accroître et qu’une vague inédite de départs à la retraite se profile, les nouveaux recrutements envisagés aujourd’hui […] sont insuffisants pour faire passer le trafic aérien dans des conditions acceptables. »

Nous devrions apprendre cette citation par cœur et la répéter inlassablement : les recrutements actuels ne suffisent pas.

Il faut former plus, et toujours aussi bien, dès maintenant.

La CFDT demande donc :

  • une 5 promotion ICNA systématique, annualisée ;
  • une montée de capacité à l’ENAC permettant de former plus que les 50 IESSA en première année et 60 en deuxième ;
  • et le rétablissement des 20 recrutements prévus et non budgétés sur les autres catégories d’emploi en 2025 et 2026

Ne pas anticiper aujourd’hui, c’est programmer les minutes de retard de demain, les contraintes opérationnelles, et – in fine – un coût économique majeur.


Enfin, la CFDT souhaite rappeler un point politique essentiel.

Si, parfois, la DGAC ou le gouvernement ont pu s’appuyer sur des divisions internes ou une focalisation des organisations syndicales sur la préparation des élections professionnelles 2026, qu’ils n’en abusent pas.

Nous avons montré, lors du CCAS du 5 décembre, que nous savons nous unir lorsque les enjeux sont essentiels :

  • entre signataires du protocole,
  • mais aussi avec les non-signataires.

Lorsque les fondamentaux sont menacés – effectifs, formation, sécurité, conditions de travail – la DGAC retrouvera en face d’elle un front syndical uni.


En conclusion, la CFDT demande aujourd’hui :

  • le respect intégral des engagements d’effectifs du protocole,
  • un plan de recrutements supplémentaires pour éviter la crise annoncée,
  • et la sécurisation immédiate et durable de la formation en anglais, à la DSNA comme à l’ENAC.

Nous restons disponibles pour travailler sérieusement et de manière constructive.
Mais nous sommes aussi déterminés à défendre les agents lorsque les engagements ne sont plus tenus.
Je vous remercie.